Les médias locaux étaient au rendez-vous pour commémorer l’accident de Villeneuve de Blaye survenu le 5 mai 2014. Nous avons rappelé dans notre précédent article les circonstances et les suites de cet événement dont les conséquences les plus inquiétantes sur la santé des 23 élèves et de leur institutrice ne seront connues que “dans vingt ans“, pour paraphraser le titre de l’ouvrage que vient de publier Marie-Lys Bibeyrand On vous le dira dans vingt ans – Pesticides, vin et bouche cousue.
Revue de presse
La première chose qui a frappé les journalistes c’est la persistance d’une omerta incroyable dans le village de Villeneuve où ni les viticulteurs responsables, ni les parents des enfants victimes, ni les enseignants témoins n’ont voulu commenter, alors que depuis dix ans, il a coulé beaucoup d’eau sous les ponts de la Garonne.
… même une décennie plus tard, rares sont ceux qui acceptent de parler de “l’affaire“. Ancienne propriétaire du Château Castel La Rose, la maire de l’époque réélue depuis, Catherine Vergès, ne souhaite pas s’exprimer. Silence radio également de l’ex-directeur de l’école. Hospitalisée en mai 2014, l’institutrice elle a quitté le Blayais.
enquête de Jules Brelaz, sur France Bleu Gironde du 6/05/24
Il faut reconnaitre que le coup a été rude pour certains même si les véritables victimes ne sont pas ceux qui ont été un temps sous le feu des caméras mais bien les enfants et leur institutrice.
… au-delà du volet judiciaire, c’est tout le secteur du vin qui a été percuté. Les projecteurs se sont braqués sur les pratiques d’un vignoble très gourmand en pesticides. Une période délicate pour la filière : image écornée, remise en cause forcée.
article Denis Lherm, SudOuest du 6/05/24
Cette image d’un vin au goût prononcé de pesticide dans le vignoble bordelais ne l’a pas aidé à sortir de la crise dans laquelle il est plongé depuis quelques années avec une mévente du vin dramatique pour de nombreux petits viticulteurs. Ceux-ci payent la facture des choix stratégiques catastrophiques du CIVB depuis 30 ans qui a encouragé la plantation et donc provoqué la surproduction actuelle. D’autres responsables viticoles sont davantage prêts à se remettre en question, comme le président de l’appellation Côtes de Bourg, David Arnaud.
David Arnaud estime que “ça a été un peu violent pour tout le monde, la population, les vignerons, mais c’est un électrochoc qui, à mon avis, était nécessaire pour que chacun puisse revoir un petit peu ses pratiques et les adapter.”
enquête de Jules Brelaz, sur France Bleu Gironde du 6/05/24
Il n’y a guère que Jean-Samuel Eynard pour persister à dire que l’aberration dans cette affaire c’est ” l’implantation de lotissements ou d’aires de jeux près du vignoble… ” (article de Linda Douifi, SudOuest du 5/05/24) sans s’interroger sur le fait que certaines écoles ont été construites il y a plus d’un siècle à l’époque où les pesticides de synthèse n’existaient pas (voir notre article) et surtout sans s’interroger sur le fait que soient autorisés – et répandus dans l’air que nous respirons – des produits cancérigènes ou perturbateurs endocriniens qui mettent en cause la santé de tous !
Une étude publiée le 30 avril 2024 par des chercheurs de l’Université de Sherbrooke au Canada démontre que les pesticides présents en petites doses dans l’environnement sont nocifs pour la santé.
La commémoration d’APHG
Nous n’étions pas gâtés par la météo, dimanche 5 mai, où les averses ont été nombreuses et le vent soufflait en rafale, en bord de Gironde. Malgré tout, des élus, des viticulteurs, des amis de l’association avaient fait le déplacement. Vincent L’Amouller, porte-parole de la Confédération paysanne, Pierre-Henri Cosyns, ancien responsable de Vins Bio Nouvelle Aquitaine, Lydia Héraud, présidente de la Communauté de commune de l’Estuaire avaient fait le déplacement.
Comme l’a relevé le journaliste de SudOuest présent, la véritable avancée saluée par tous les présents c’est la progression du bio en Haute Gironde.
« Il y avait 10 % de bio en Blaye-Côtes de Bordeaux et en Côtes de Bourg, il y a dix ans. Nous en sommes aujourd’hui à 35 % aujourd’hui ! »
article Philippe Belhache, SudOuest du 6/05/24
Nos amis de l’Association des médecins sur les Pesticides (AMLP) n’avaient pu faire le déplacement et nous ont adressé un texte que nous partageons ici en conclusion.
Lettre-AMLP