Dans une démocratie, l’esprit critique est un devoir

Ce n’est pas un délit.

Il n’y a que dans les dictatures que la liberté d’expression est réprimée.

Samonac est une commune de la République française dont la première magistrate se doit donc d’en respecter les valeurs. Or le journal de la commune qui vient de paraître (Les échos de Samonac, février 2024) met en cause ceux qui “sont farouchement opposés … aux pratiques liées à la viticulture” en les assimilant à des “contestataires sur les modes de vie rurale”, et qualifiant leur démarche “d’intolérance”.

Sans la nommer notre association Alerte Pesticides Haute Gironde est directement visée. Nous critiquons effectivement l’usage de pesticides de synthèse (ce qui n’a rien à voir avec la contestation des modes de vie rurale) dans certaines pratiques agricoles.

Nous le faisons suite aux alertes de très nombreux scientifiques sur la santé des agriculteurs, celle des enfants, sur l’effondrement de la biodiversité, l’état des eaux de surface. Jamais notre association, ou d’autres associations environnementales, n’attaquent les viticulteurs contrairement à ce qui est écrit dans ce journal.

Nous dénonçons des produits dont les effets néfastes sont reconnus par l’Association des Médecins sur Les Pesticides, par l’INSERM, par l’INRAE, et bien d’autres institutions scientifiques. 

Défendre une cause ne saurait être, en démocratie, une attitude condamnable comme le donne à penser cet éditorial. Aussi notre association demande à Madame la Maire un droit de réponse et demande à ce que celui-ci soit diffusé dans le plus brefs délais en direction des administrés de la commune. 

DROIT de REPONSE

Droit-de-réponse-Mairie-de-SAMONACV2

Aire de jeu et école de Samonac

Droit de réponse de Mme Giovanucci, maire de Samonac

Droit-de-réponse-de-Marie-Lise-Giovannucci

Observations du président d’APHG

Madame la Maire aime la procédure.

Après le silence de Madame la Maire, à notre demande de droit de réponse — logique car nous n’étions “aucunement visés” par l’édito municipal — celle-ci, par voie d’avocat, exige le sien. 

Nous nous exécutons de bonne grâce, d’autant plus, que nous sommes attachés au débat démocratique, surtout lorsqu’il s’agit de questions de santé publique, et surtout lorsque ces questions de santé publique touchent les femmes enceintes et les enfants.

D’ailleurs, la question de la réflexion sur la protection des riverains reste visiblement entière sur la commune puisque Madame la Maire rappelle dans son droit de réponse « J’indique par ailleurs que la commune a récemment proposé à la communauté de communes de Blaye en charge de l’élaboration du Plan Local d’Urbanisme Intercommunal et de l’Habitat que la parcelle de vigne située en face de l’école passe en zone constructible, dans un souci d’apaisement et aux fins de densifier le bourg de Samonac ».

Nous nous exécutons d’autant plus de bonne grâce que ce droit de réponse est l’occasion de corriger quelques erreurs  :

  • la charte du “Bien vivre ensemble” ne réglemente pas la question des épandages autour des sites sensibles. L’arrêté préfectoral de 2016 précise lui, les dispositions en fonction des horaires scolaires mais les informations devraient être réactualisées tous les ans en fonction des horaires d’activités des écoles. D‘autre part, rien n’empêche la mairie, après de nombreuses alertes de la part de notre association s’appuyant sur les données de l’INSERM ou du CNRS, de prendre elle-même les dispositions qui semblent pouvoir amortir légèrement les impacts de ces produits sur la population, comme le font d’autres communes.
  • Enfin contrairement à ce qui est écrit, notre article ne visait aucun viticulteur en particulier.

Nous sommes très heureux de lire que la réponse de Madame la Maire ne nous visait pas. Dans le compte-rendu du Conseil Municipal du 13 mars 2024 en page 5 et 6, il est en effet écrit :

M. Henri Plandé, président de l’association Alerte pesticides Haute-Gironde, prétendant que son association est visée (alors qu’elle n’a aucunement été nommée) a tenu à l’encontre de Mme le Maire des propos diffamatoires publiés sur le site Alerte pesticides Haute Gironde en date du 26 février 2024, et a intimé à la municipalité de diffuser un droit de réponse sous peine que cette association ne prenne ses responsabilités.

La même association, représentée par 2 de ses membres, et par son président, a également fait appel à FR3 et M6 pour réaliser des tournages près de l’école et diffusés (sic) à l’heure de grande écoute le 5 février 2024, visant à faire valoir le danger de la proximité des vignes de l’école.

Précision : nous n’avons jamais fait appel à ces médias ; ce sont eux qui nous ont contactés et qui ont souhaité tourner le sujet aux abords de l’école tant la configuration des lieux leur semblait exemplaire. De plus, j’ai personnellement insisté auprès des journalistes de France 3 pour qu’ils montrent aussi un exemple de travail en collaboration entre vignerons et municipalité.

Pour finir, Madame la Maire écrit : “… je rappelle que cette association n’était aucunement visée, pas “même indirectement” dans mon Edito de l’édition des Echos de Samonac” … nous la croyons donc de bon cœur ! Mais alors, qui est concerné par cet édito qui pointe du doigt ceux qui critiquent un certain modèle agricole ?

Henri Plandé
Président d’Alerte Pesticides Haute Gironde